C'est beau

Nathalie Sarraute a écrit cette pièce de théâtre peu après les événements de mai 1968 mais elle est toujours d'actualité. Il s'agit au départ d'un couple qui après avoir contemplé une oeuvre d'art see permet de dire ; "c'est beau !" Cela n'est pas possible si le couple a un enfant, même si celui-ci n'est pas présent au moment de la réflexion. Car tout de suite va s'installer la honte d'avoir cédé à une émotion facile et à un vocabulaire désuet. Le père reprochera à sa femme d'avoir négligé des choses essentielles dans l'éducation de son fils :

" Tu te souviens ? les mots interdits ? des mots qu'on n'avait pas le droit d'employer... Tu as voulu lui apprendre à être propre ? Tu l'as mis sur le pot " 

Quant à la mère, elle est complètement traumatisée : " On en arrive quand il est là, à ne plus pouvoir dire : "c'est beau !"... on n'ose pas écouter un disque... On a peur... Et il faut supporter ça... Qu'on le mette en prison" Qu'en dit le fils ? 

" Eh bien, c'est cette expression : "c'est beau !" ... ça démolit tout... Il suffit qu'on la plaque sur n'importe quoi et aussitôt... Tout prend un air !... "

au fond le vrai problème soulevé par Nathalie Sarraute est celui du langage. Comment peut-on être sincère lorsqu'on est obligé d'employer des formules toutes faites, des expressions convenues

C'est pour cela que chez Nathalie Sarraute ce qui est dit n'est pas le plus important. C'est ce qu'on tait qui forme le véritable dialogue avec les êtres, sous les mote