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15 décembre 2009

Terre et cendres

Au fil de mes lectures faites au hasard des découvertes en bibliothèque, j'ai parfois l'heureuse surprise de tomber sur une perle : un petit livre de moins de 100 pages qu'on ne peut lâcher avant de l'avoir fini

C'est le cas du petit roman d'Atik Rahimi qui nous plonge en plein dans la guerre entre la Russie et l'Afghanistan. Un roman ? Plutôt un cri de révolte, un réquiem, un stabat mater...

Un petit village afghan vient d'être rasé par les russes en représailles contre une révolte. Le vieux Dastaguir a assisté impuissant à la destruction de sa famille : " Quel péché avais-je commis pour être condamné à vivre à être témoin de cela "Seul son petit fils Yassin a réchappé au massacre mais le bruit des explosions l'a rendu sourd, le laissant dans un monde silencieux et incompréhensible :

"La bombe était trop forte. Elle a tout fait taire. Les tanks ont pris la voix des gens et sont repartis. Ils ont même emporté la voix de grand père. Grand père ne peut plus parler, il ne  peut plus me gronder " 

Il rete encore une lourde tâche à remplir pour Dastaguir :son fils Mourad avait quitté le village à la suite d'une affaire d'honneur et il travaille maintenant à la mine. Comment lui annoncer que sa mère, sa femme et son frère ont péri et que son fils est devenu sourd ? Comment Mourad si sourcilleux, si fier va-t-il réagir ? Quelle folie va-t-il tenter quand il saura que " sa femme est morte comme les autres, dans la maison, sous les bombes. Le paradis lui était destiné. C'est nous qui brûlons dans le feu de l'enfer. Les morts sont plus heureux que les vivants "

Il passe très peu de voitures sur la route qui longe le village ou ce qu'il en reste et Dastaguir doit attendre toute la matinée qu'un camionneur veuille bien l'emmener à la mine où travaille son fils à qui il doit apprendre la terrible nouvelle ce qui l'oppresse :

" tu n'avais jamais constaté que ta poitrine était si petite et ton coeur si grand, grand comme ta tristesse"

Au chantier, Mourad n'est pas là : il travaille au fond de la mine. C'est le contremaître qui reçoit Dastaguir et lui apprend que Mourad était au courant du malheur qui le frappe mais qu'on ne l'a pas laissé revenir au village :

" Mourad est notre meilleur ouvrier... Nous l'avons choisi pour représenter les mineurs, parce que c'est un jeune homme intelligent, travailleur et révolutionnaire... "

Dastaguir n'attend pas que son fils sorte de la mine pour le voir : il repart dans son village ; il est vraiment seul !



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