Le comte d'Orgel

Raymond Radiguet, avant de mourir très jeune au grand désespoir de son amant Jean Cocteau, écrivit deux très beaux romans : le diable au corps et le comte d'Orgel qui montrent une grande connaissance de l'amour et de ses pièges :

Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir. Mais les jeunes gens sont si impatients d'atteindre les moins accessibles et d'être des hommes, qu'ils négligent ceux qui s'offrent. Et, de toutes les saisons, le printemps, s'il est la plus seyante, est la plus difficile à porter. Le comte se donnait d'excellentes raisons pour être fou, tant qu'il ne songeait qu'à conquérir  le bonheur qu'il  voyait sous ses yeux. Il n'en trouvait plus d'aussi bonnes quand il venait à considérer son âge... Une femme, se disait-il qui me rend toutes les folies de la jeunesse...
Ne pas vouloir être dupe c'est la maladie du siècle. Elle peut parfois pousser jusqu'à duper les autres

Cette âme active commençait à être bien lasse de la vie monotone qu'elle menait à la campagne ; c'est s'empêcher de mourir, se disait-elle, ce n'est pas vivre

Elle se coucha doucement sur son oreiller comme dans ces rêves qui se terminent par une chute. Ces sortes de chute réveillent. Elle se réveilla, se redressa. Elle regardait son mari mais le comte d'Orgel  ne vit pas qu'il devant lui une autre personne... Au lieu de s'adresser à une frénétique, il parlait maintenant à une statue