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22 octobre 2009

L'Africain

C'est un petit livre magnifique que Jean Marie Le Clézio consacre à la mémoire de son père. Je redoutais le règlement de comptes envers un père top sévère, trop distant qui a marqué la vie de l'écrivain d'une empreinte indélébile. Le personnage  était pourtant un sujet se choix : médecin militaire, formé dans les universités anglaises qui fuit la civilisation pour faire sa carrière en Afrique équatoriale où il exerce son métier dans des conditions primitives !...

Malgré son ressentiment Le Clézio montre très vite de l'affection et même de l'adoration pour ce personnage d'ours au grand coeur dévoué à la cause des humbles et des sans abri. Il avait épousé et entraîné sa cousine dans ses expéditions humanitaires. Et l'écrivain imagine pour lui un véritable bonheur 

"Je pense ressentir l'émotion qu'il éprouve à travers les hauts plateaux et les plaines herbeuses, à chevaucher sur les étroits sentiers qui serpentent à flanc de montagne, découvrant à chaque instant de nouveaux panoramas, les lignes bleues ces sommets qui émergent des nuages, tels des mirages, baignés dans la lumière d'Afrique, tantôt violente à midi, tantôt atténuée par le crépuscule quand la terre rouge et les herbes folles semblent éclairées de l'intérieur par un feu secret "

Mais l'euphorie ne dure pas. Il y a la guerre qui sépare les époux et la nouvelle affectation que reçoit le médecin et qui le conduit au contact de l'infinie misère des Africains dont il ne peut soulager la souffrance faute de moyens et de médicaments

" La proximité de la souffrance, la fatigue : tous ces corps brûlants de fièvre, ces ventres distendus de cancéreux, ces jambes rongés d'ulcères, déformées par l'éléphantiasis, ces visages mangés par la lèpre ou la syphilis, ces femmes déchirées par les accouchements, les enfants vieillis par les carences, leur peau grise comme un parchemin, leurs cheveux couleur de rouille, leurs yeux agrandis, à l'approche de la nuit "

On ne peut pas avoir de la haine pour un homme d'une telle trempe mais plutôt de la fierté de lui devoir une part de sa personnalité

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